Jean Baptiste Salis

L­’AVIATION POPULAIRE ET TOUSSUS-PARIS 1932-1939

Si l’aérodrome Farman est le terrain privé d’une firme établie, l’aérodrome de Toussus-Paris, qui tente de s’installer à partir de 1931, est celui de l’aviation populaire.

C’est le terrain des clubs chargés de donner au pays les futurs pilotes dont il a besoin, des constructeurs amateurs qui se retrouvent pour discuter le coup, s’entraider dans la mise au point d’appareils simples et bon marché, autour desquels des curieux viennent humer l’air de cette ambiance de passionnés de l’aviation.

L’État encourage cette aviation par des primes à la formation au pilotage et à l’achat d’appareils. On voit se développer en France plusieurs types d’appareils afin de mettre l’avion à la portée de tous : des inventions de conception totalement neuve comme le Pou du Ciel, des appareils dérivés du planeur comme l’ AVIA 50, des avions de faible puissance issus de l’aviation classique dans le but essentiel de réduire le prix de vente comme l’ex-nouveau Moustique Farman. Nombre d’entre eux sont mis au point ou viennent voler à Toussus-Paris.

TOUSSUS-PARIS

C’est ainsi que le 1er septembre 1933, l’aérodrome de Toussus-Paris commence à prendre le sympathique aspect d’un aérodrome de fanatiques d’aviation légère grâce à Jean-Baptiste Salis qui installe les premières activités de l’aérodrome dans le cadre de la SAFA (Société anonyme française aéronautique). Un deuxième hangar  est édifié ainsi qu’une clôture en ciment où s’inscrivent les lettres de la société, également en ciment, à l’entrée de l’aérodrome.

Jean-Baptiste Salis créé une école de pilotage, une station-service, des ateliers pour, entre autres, remettre en état de vieux avions qu’il récupère avant de les revendre à des aéroclubs dont les moyens financiers sont limités.
Au centre du village, il loue la grange de l’ancienne ferme Boullé, le long du chemin de la rigole dans laquelle il entasse des pièces détachées pour ses avions. Fin 1933, il fonde, totalement dans l’esprit qui anime alors le terrain de Toussus-Paris, Les Casques de Cuir, une association d’entraide et de promotion de l’aviation légère. Ces statuts qui seront repris par l’Escadrille du Souvenir et l’Amicale Jean-Baptiste Salis, avec comme but :

– Établir entre tous les professionnels et amis de l’aviation de tous les pays un centre de relations amicales les rapprochant, maintenant leurs traditions et développant un sentiment de solidarité universelle, tel qu’il existe chez les gens de mer.

– Propager le goût et le sens de l’aviation parmi les foules et plus particulièrement parmi les jeunes, par l’exemple et en leur facilitant la navigation aérienne.

– Apporter un appui à tous groupements d’entraide et de secours créés au profit de tous les aviateurs, sans exception.

1939-1940, c’est la guerre. Il est mobilisé à VILLACOUBLAY, puis mis en affectation spéciale pour diriger l’école qui lui est confiée.
En 1940, le Ministère de l’Air réquisitionne l’ensemble de l’école (bâtiments et installations, mobilier, près de 130 moteurs, 50 hélices, divers matériels techniques).
Les moteurs seront sabotés avant l’arrivée des allemands et rendus inutilisables.

Jean-Baptiste possédait à GOMETZ une usine de pièces détachées pour avions. Il était sous-traitant des Maisons RATHIER, MESSIER et RENAULT-Moteur. Il reçoit l’ordre du Colonel BENZ de l’Etat Major de l’Air Allemand de reprendre son activité. Jean-Baptiste refuse, désorganise, désapprovisionne l’usine et s’enfuit habiter la Ferté-Alais.

En juin 1940, c’est l’occupation de l’aérodrome de Toussus-le-Noble. Les allemands réquisitionnent les établissements Salis. Une partie du matériel et du stock est enlevée, une autre partie est détruite. Les avions sont sectionnés, les pièces détachées brisées. Parmi ces 32 avions de collections dont 3 Bleriot, 2 Farman, 3 Morane, 1 Libellule Hanriot, et 2 prototypes J-B. Salis. Une dizaine de véhicules individuels et utilitaires sont également saisis.
Jean-Baptiste entre dans la Résistance et met sa propriété à la disposition du Commandement anglais B.O.A. La piste est alors homologuée sous le « nom de code BINIOU ». Elle recevra des parachutages en vue d’équiper la résistance et préparer un terrain de secours proche de Paris. La Croix de Guerre 1939/45 avec palme lui est décernée et il sera nommé Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur à titre militaire.

Il décède le 10 décembre 1967 à Cerny.

Extraits du livre d’Azur et d’or – Centenaire aéroport de Toussus 2007
http://airbil.com/ajbs/Jean-Baptiste/Html%20Jean-Baptiste/Accueil.htm