Mes quinze années passées à Toussus-le-Noble sont déjà anciennes et pourrait être vouées à l’oubli, mais les souvenirs accumulés – bons et mauvais – sont tenaces, comme le lien affectif qui m’attache à cette plate-forme.
Je laisse aux spécialistes le soin de retracer fidèlement le passé, de l’épopée des frères Farman à la saga du Normandie-Niemen.
Pour ma part, j’évoquerai quelques aspects peut-être moins connus :
Sait-on que dans les années 50, sous l’autorité du commandant de l’aéroport Henry Tessier, Toussus était le lieu de rendez-vous des aéro-clubs, des sociétés et des constructeurs, qui venaient y présenter leurs machines; ces rassemblements, véritables salons aéronautiques de l’aviation générale, étaient tous les deux ans le prétexte de grandes « kermesses aéronautiques » avec les démonstrations en vol, et les championnats de France de voltige disputés par de hautes figures comme le Chevalier d’Orgeix, Notteghem, Biancotto…
Cette tradition de rassemblement festif se poursuivit par la suite et j’ai pu être le témoin, dans les années 80, de courses aériennes organisées au départ de Toussus, qui attiraient un nombreux public : ce fut successivement l’Air Transat (Paris-New-York), la Transafricaine (Paris-Libreville), Paris-Pékin-Paris et la Malaysia Air Race (Paris-Langkawi-Paris).
On pouvait rencontrer sur le tarmac des personnalités aussi diverses qu’Alain Souchon, Miss France ou la Reine Nour de Jordanie.
Je me souviens aussi du dirigeable qui venait s’amarrer chaque été.
Beaucoup de célébrations émouvantes s’y sont déroulées : le cinquantenaire de la Libération, la commémoration organisée à la mémoire de l’Amiral Ramsay, organisateur du débarquement de Normandie, mort à Toussus en 1945 lors du décollage de son avion pour Bruxelles où il devait rencontrer le Maréchal Montgomery.
Il faudrait plusieurs pages pour retracer tous ces souvenirs.
Je n’oublie pas non plus les relations qui s’établirent avec la Base d’Aéronautique Navale voisine, et avec la Base Aérienne de Villacoublay dont le centre de contrôle aérien participe au guidage des avions vers Toussus.
Pour terminer (et non pas conclure), s’il y a une leçon majeure à retenir de ces années, c’est qu’un aérodrome ne peut se satisfaire de ses seules activités aéronautiques. Il doit être attentif à tout ce qui se passe autour de lui.
Cela est subordonné à un effort incessant pour établir et préserver des relations de confiance avec les partenaires voisins. Je ne doute pas que la célébration du Centenaire y contribue !
Jacques Pageix
Commandant de l’Aéroport de 1982 à 1997
Septembre 2007 : Centenaire de l’Aéroport de Toussus-le-Noble