En dépit de la crise mondiale (Krach 1929), l’aviation commerciale a déployé en 1932 une grande activité.
Alors que les réseaux intérieurs ont peu évolué, de nombreuses innovations sont à signaler sur des liaisons internationales.
Elles sont souvent exploitées en pool par deux ou plusieurs compagnies appartenant aux Etats intéressés.
Le « pool » consiste à faire alterner les avions des compagnies associées et à partager les bénéfices au prorata des distances parcourues. Il tend ainsi à éviter les concurrences stériles sur des itinéraires importants.
Une tendance qui se confirme en France (fusion des Lignes Farman et de l’Air-Union), en U. R. S. S. (fusion des services aériens entre les mains d’un organisme unique, la Woga) et aux Etats-Unis (rachat des lignes de l’Alaska par les Pan-American Airways).
Les progrès accomplis dans le domaine de la sécurité permettent maintenant l’exploitation des lignes, en hiver, comme de nuit.
Les méthodes de management américaines de services à haute fréquence font leur introduction en Europe (départs toutes les heures sur la ligne Francfort-Cologne) ou à grande vitesse. C’est la Suisse qui a donné l’exemple.
La ligne Zurich-Munich-Vienne a été exploitée avec des avions américains effectuant le parcours à la vitesse moyenne de 275 km.-h. Une durée du voyage qui représente seulement le quart du voyage en chemin de fer. Un gain de temps qui est très apprécié par la clientèle.
Par contre, d’autres compagnies anglaises et allemandes optent pour un matériel plus lent, mais gros porteur (quadrimoteurs à 40 places).
Tandis que les grandes compagnies réservent leur activité pour les grandes liaisons coloniales, de petites compagnies se concentrent sur les lignes intérieures en correspondance avec les services continentaux.
En U. R. S. S., Léningrad devient un centre important. Déjà reliée à Berlin, elle le sera à Moscou en 1932, mais pour le fret et la poste seulement
Sur les liaisons Europe-Asie et lignes asiatiques, il convient de signaler d’abord la disparition des lignes Junkers, de Perse. Elles offraient un type intéressant d’exploitation non subventionnée mais ont été supprimées à la suite des difficultés des entreprises Junkers d’Allemagne.
Pour des raisons politiques, la ligne anglaise des Indes ne survole plus le territoire persan. Elle suit la côte Sud du Golfe Persique par Koweït jusqu’à Karachi et de là un embranchement exploité par la compagnie Tata achemine le courrier jusqu’à Madras par Ahmedabad, Bombay et Bellary.
Des lignes expérimentales ont été testées par l’Air-Orient sur Saïgon – Hanoï – Canton – Hong-kong, en prolongement de la ligne française d’Indochine.
D’autre part, les China Airways ont développé leur ligne du Yang-tsé-kiang de Shanghaï à Han-kéou, Ichang et Chang-king. L’entreprise russo-allemande Eurasia exploite les lignes Pékin – Lan-tchéou et Nankin – Lan-tchéou.
La ligne transsibérienne est achevée et la ligne Nikolaievsk-Petropavlovsk relie la Sibérie orientale au Kamtchatka. Dans la Sibérie occidentale, des tronçons se greffent sur la grande artère transsibérienne.
Sur les liaisons Europe-Afrique et les lignes africaines, la ligne Londres-le Cap a été ouverte aux passagers en avril 1932. Sur cette artère se greffent, en Afrique Orientale, des embranchements inter-villes. Les South West African Airways relient Windhoek à Walfish Bay, en liaison avec les services de paquebots. Une compagnie aurifère du Tanganika utilise l’avion pour les transports d’or et de matériel, à l’exemple des Guinea Airways.
Liaisons Europe-Amérique et lignes américaines :
Les remarquables voyages du Graf Zeppelin constituent la seule liaison aérienne Europe -Amérique.
De Pernambouc (Etat du Brésil capitale Recife) ou de Rio de Janeiro, le courrier est réparti entre le Syndicat Kondor et le Lloyd Aereo Boliviano, des entreprises à capitaux et matériel allemands.
Une nouvelle entreprise brésilienne, Varig, exploite dans le Brésil méridional les lignes Porto Alegre-Santa Cruz Santa Maria et Pelotas-Bagé-Quarahy.
De lignes intérieures nouvelles voient le jour aux États-Unis ainsi que l’ouverture de plusieurs services transcontinentaux rapides :
Los Angeles – New York en 18 h. (fret et poste), Glendale New York en : 23 h., etc.
Dans l’Équateur, une nouvelle ligne relie Quito à Tulcan dans le massif montagneux des Andes.
René CROZET, Annales de géographie : Le développement des réseaux aériens en 1932
Rédaction : Gérard Finan – Aériastory / Anciens Aérodromes – Fonds René Crozet