Guyancourt

Un autre terrain voit le jour à 4 km à l’ouest de Toussus-Paris en 1930 : il s’agit de l’aérodrome de Guyancourt, créé par René Caudron.
Dans la perspective de soulager le terrain d’essais d’Issy-les-Moulineaux, Caudron s’oriente vers la région de Versailles où sont déjà implantés les frères Farman et Blériot.
Il acquiert en 1930 des terres agricoles d’une superficie de 8 ha 34 a 60 ca à Guyancourt et de 15 ha 48 a à Voisins-le-Bretonneux. L’emprise de l’aérodrome se situe à l’angle nord-est du carrefour des routes reliant Versailles à Rambouillet, d’une part, et Palaiseau à Trappes, d’autre part. Même si la plus grande partie de la plate-forme se trouve sur la commune de Voisins-le-Bretonneux, il semble que le nom de Guyancourt ait eu assez rapidement la préférence pour éviter toute confusion avec la commune de Villers-Bretonneux, dans la Somme, département d’origine des frères Caudron. Cependant les premières cartes postales éditées situent l’aérodrome indifféremment sur l’une ou l’autre commune.

Les premiers aménagements de l’aérodrome de Guyancourt débutent au mois d’août 1930 par l’installation, à gauche de l’entrée, d’un chalet en bois à usage de bureaux et de club-house pour l’école de pilotage que René Caudron vient de créer et, à droite, d’un grand hangar en bois avec une toiture en shed 52. En 1932, il fait installer un réservoir d’essence de 5 000 litres. L’entrée de l’aérodrome était signalée par un portique portant la mention Aérodrome Caudron.
A cette date les hangars de Guyancourt abritent « une trentaine d’avions sur lesquels Caudron en possède une dizaine. Les autres avions appartiennent à des formations qui sont locataires du terrain ou de ses bâtiments. Le plus important locataire est l’Aéro-club de Paris. »

Le 1er juillet 1933, René Caudron et Louis Renault, actionnaire     majoritaire, fondent la société Caudron-Renault. Guyancourt devient !’Aérodrome Caudron-Renault. Pour délester l’usine d’Issy-les-Moulineaux, René Caudron installe, au sud de celui qu’il avait mis en place en 1930, quatre hangars métalliques de marque « Estiot » de 30 x 30 m, accolés deux à deux, dans lesquels seront assemblés les avions qui, tout comme ceux des frères Farman, arrivent en pièces détachées par la route. Deux hangars Bessonneau provenant du terrain d’Issy-les-Moulineaux
permettent d’attendre leur mise en place.

En 1936, l’aérodrome offrait une aire d’atterrissage gazonnée de 680 x 7 40 m 55. Entre 1938 et 1939, il parut nécessaire d’accroître l’emprise de l’aérodrome.
 Celui-ci « s’agrandit au nord et à l’est de 68 ha acquis  par la société anonyme des usines Renault qui acheta à celle des avions Caudron les 24 ha ayant constitué la surface d’emprise initiale de l’aérodrome. Cette situation donna lieu à un nouveau contrat passé en juin 1939 entre les deux sociétés, aux termes duquel Renault donnait à bail l’aérodrome à la société anonyme des avions Caudron pour 9 mois et 12 années, bail prenant effet le 1er avril 1939 et qui devait donc expirer le 31 décembre 1951.»

Pendant l’Occupation, les Allemands prennent possession de l’aérodrome de Guyancourt et  aménagent un grand nombre d’alvéoles qui leur permettent, en parquant ainsi sous bois les avions, de les camoufler lors des bombardements éventuels et, en les dispersant, de les mettre à l’abri du mitraillage en ligne.
Ils aménagent trois bandes d’envol en herbe, un chemin de roulement périphérique en forme triangle tronqué, dont se détache vers le sud un diverticule menant à l’orée des bois situés au nord de la vallée et une vingtaine d’aire de dispersion de 30 x 25 m : sur la carte établie par Jean Sauter pour l’Atlas des terrains d’aviation de France métropolitaine 1919-1947( on en compte douze le long du chemin de roulement périphérique et dix dans les bois qui surplombent le versant nord de la vallée de Mérantaise au lieu dit la Croix du Bois et dans le parc du château c Mérantais. Les Allemands étendent considérablement l’emprise de l’aérodrome qui avoisine les 200 ha.

Les aérodromes du plateau seront libérés par les troupes appartenant à la 2e division blindée du général Leclerc, 24 août 1944.

L’emprise de l’aérodrome que les Allemands avaient portée jusqu’à 200 ha perd progressivement en superficie. Elle ne couvre plus au début des années cinquante que 90 ha environ 121. Jusqu’à sa fermeture, l’aérodrome de Guyancourt va connaître une intense activité.

En 1982, il comportait quatre pistes: deux pistes en herbe de 700 m, une piste en herbe de 900 m et une piste en dur de 700 m. Neuf aéro­ clubs, un club d’aéromodélisme, trois écoles de pilotage -dont une d’hélicoptère- et sept sociétés y avaient leur siège. Les mouvements d’appareils, au nombre de 128 308 en 1980, atteignent 251 054 en 1985 et l’aérodrome devient l’un de ceux qui enregistre les plus forts trafics en France. Les bâtiments appartenant à l’Etat ou à l’ADP représentent 9780 m2, ceux appartenant à des privés 3267 m2.

Le glas sonne cependant pour l’aérodrome, Guyancourt en 1980.  Condamné à brève échéance par le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région parisienne [SDAURP) qui projette dès le début des années soixante d’urbaniser cette partie de l’ouest parisien et de créer la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. En effet, « l’ouest du plateau présente un caractère très favorable à la création d’un ensemble urbain de grande importance. Les parties les plus accueillantes de ce site sont constituées par les vallées de la Mérantaise et d’Elancourt et plus particulièrement par le secteur situé entre les communes de Montigny-le-Bretonneux et Voisins-le-Bretonneux à l’extrémité ouest de la vallée de la Mérantaise au nord-est du bois de Trappes. »

En 1982, des sites de remplacement de l’aérodrome sont recherchés, le service technique des bases aériennes (STBA) ayant été missionné à cette fin par le ministère des Transports, car l’aérodrome ne doit être fermé qu’après ouverture d’un nouveau terrain. Sont envisagées à cette fin les communes de Sonchamp, Cernay-la-Ville, Coignières, Les Essarts-le-Roy. Le site de Sonchamp est abandonné en 1983 et en 1984, la préfecture des Yvelines estime qu’aucun des autres emplacements ne pourra « obtenir l’agrément des élus et des populations concernés. »

L’aérodrome de Guyancourt 1930  a été détruit sans laisser de traces. Pour faire place à la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, le terrain ferme à titre définitif le 30 septembre 1989, son évacuation devant être effective le 1er octobre 1989 à 00 h. Sur l’ancienne plate-forme ont été construits la presque totalité du quartier de Villaroy et une infime partie du techno-centre de Renault. Seule la toponymie en conserve un peu le souvenir : les rues Jacqueline-Auriol, Roland-Garros et Santos-Dumont, les établissements scolaires Saint-Exupéry et Jean-Mermoz, le gymnase de l’Aviation.

Extraits : huit aérodromes sur un plateau
Le Patrimoine aéronautique autour de Toussus le Noble